La pluie tombe. Il marche entre les murs, frôlant le bitume qui recouvre les pavés.
Seul, sans esquisse autour, sans une parole pour répondre à ses 100 pas.
L'esprit malléable, désarmé, insociable.
Le silence prouve pourtant le contraire, son cœur palpite une symphonie idéale.
Percutant ses sens jusqu'à l'en distraire, involontairement ils se suivent, guidés par les mêmes choix, la même douleur qui cimente le paysage.
Une écharpe court autour de son cou, comme deux mains qui étouffent chacun de ses soupirs.
Il aurait souhaité découvrir le monde, prendre comme bible le voyage.
Pas de mélodie, juste un murmure pour sortir de cette cage.
Il aurait souhaité mourir, porté par ses passions, une vie au multiple visages.
Arrivé au carrefour social, plus aucun panneau n'indique toute direction.
Seule la pluie dessine alors un rivage.
Ré-ouvrant les yeux, clos depuis si longtemps, il aperçoit un enfant au sourire familier.
Dans la main un bateau de papier prêt à lever l'ancre.
Leurs regards se croisent, et se souviennent, de ce vieux pacte, il fut un temps réalisé.
Alors la pluie s'arrête et leur murmure de ne pas oublier.
De prendre l'humour comme bouclier et l'amour comme épée.
Asséchant ses larmes, l'enfant se lève et lui tend la main. Comme pour lui demander de l'accompagner.
Comme une trêve lui parlant du lendemain.
Il lui dit alors de se rappeler: "Rappelles toi" lui dit-il, de se souvenir de chaque rêve que sa jeunesse exprimait.
"Toi, tu m'avais fais la promesse de rester moi-même, de combattre les orages de la peine, de rendre l'espoir au présent".
Tu m'avais promis de me faire traverser les mers, m'assurant de la dignité qui coule dans mes veines. L'homme esquisse alors un sourire, tandis que l'enfant disparaît comme un étrange souvenir.
C'est alors qu'un théâtre nostalgique est mis en scène.
Autour ce n'est plus un songe mais bien un dédale de gens qui vivent.
Aujourd'hui l'homme est prêt à s'en aller.
Ses yeux se ferment comme au premier jour.
Il retrouve le bateau de son enfance, fait de pliage et de papiers.
Prêt à embarquer et à passer sur l'autre rive.
Le regard droit, il monte un à un les marches de la vie.